-18 dBFS : un mythe du mixage mal compris ? Voici ce qu’il cache…

Pourquoi -18 dBFS ne veut (souvent) rien dire

📏 Ce que personne ne te précise sur les niveaux dans ton DAW

On lit souvent qu’il faut travailler à -18 dBFS.
Mais cette consigne, sortie de son contexte, n’a aucun sens si on ne sait pas de quoi on parle exactement.

  • S’agit-il d’un niveau RMS ou d’un niveau crête ?
  • Le signal est-il transitoire ou soutenu ?
  • Le convertisseur est-il calibré pour que 0 VU corresponde à -18 dBFS ?

Tant que ces questions ne sont pas posées, les décisions de mixage reposent sur des hypothèses imprécises.
Et c’est précisément là qu’intervient la différence fondamentale entre niveau technique et niveau artistique.
Un bon exemple, aussi, de ce que la compréhension des bases techniques apporte — bien plus durablement — qu’un nouveau plugin.

🎚️ Le niveau technique

Ce niveau-là n’est pas une affaire de ressenti : c’est une base de travail objective.

Un bon niveau de travail permet :

  • un rapport signal/bruit optimal,
  • un headroom suffisant pour absorber les crêtes,
  • un alignement cohérent avec les références de la chaîne audio.

Prenons un exemple concret : si les convertisseurs de ton interface sont calibrés de sorte que 0 dBFS = +22 dBu (niveau max),
alors -18 dBFS = +4 dBu, soit précisément le niveau ligne professionnel.

⚠️ Mais attention : tout dépend du type de mesure affiché par tes bargraphs.

  • Si tes bargraphs affichent une valeur RMS, le repère tient : c’est hérité de l’analogique, où un VU-mètre lisait une moyenne du signal, et non les crêtes.
  • Si tes bargraphs affichent une valeur crête, alors viser -18 dBFS devient inutilement bas.
    👉 Dans ce cas, mieux vaut moduler autour de -10 dBFS crête, ce qui correspond au niveau nominal crête en France,
    📌 soit placé 8 dB au-dessus du niveau ligne.

En pratique : si ton niveau RMS est à -18 dBFS, ajouter environ 8 dB donne une estimation réaliste de tes crêtes : autour de -10 dBFS en peak.
Ces crêtes peuvent ponctuellement atteindre -6 voire -3 dBFS, mais uniquement de manière transitoire et contrôlée.

🎨 Le niveau artistique

Ce niveau technique stable constitue la fondation.
Mais il ne dit rien encore de la structure interne du mix, ni de l’équilibre entre les éléments.

C’est là qu’intervient le niveau artistique : la manière dont on agence les niveaux relatifs entre les instruments.

  • 🎤 Le rapport entre la voix et les pads,
  • 🎸 la relation entre la basse et la batterie…

Autrement dit : ce qui construit la cohérence musicale, bien en amont de tout traitement.

👉 Cette cohérence s’établit par la balance des faders,
tandis que le niveau technique se définit à l’entrée, via le gain.

 

Dans cette vidéo je te montre ce que tu gagnes à garder tes faders proche de UG.

 

🎙️ Et idéalement, cette cohérence commence dès la prise

  • avec un bon rapport signal/bruit,
  • en conservant un headroom suffisant,
  • et en ajustant les niveaux à la source selon une logique musicale…

✅ Alors tu poses une base équilibrée dès l’enregistrement.
Tu peux ensuite mixer avec des faders proches du 0 dB (Unity Gain),
là où leur résolution est optimale, sans devoir corriger partout dès le départ.

📘 Pour aller plus loin

Je développe tout cela en détail dans mon ebook « Gain Staging 101 », avec une méthode pas à pas pour structurer ton mix dès la prise.

📘 Découvrir l’ebook Gain Staging 101

👉 D’autres articles arrivent bientôt sur ces questions de structure du gain.

Willie Cortez est auteur-compositeur, producteur et formateur en techniques du son. Il a signé plusieurs musiques de films au sein du duo Seppuku Paradigm, et partage sur sa chaîne YouTube Le Frenchgineer une approche rigoureuse et accessible de la production audio.